Appel de la vie

« Rien n’est plus sinistre que ce « Mardi Gras » à perpétuité de notre société de consommation cette indigestion ininterrompue qu’aucun carême ne vient soulager. Qui sait de la saveur d’un fruit ou d’un pain celui qui n’a jamais pratiqué le jeûne ? Qui sait de l’amour celui qui se livre aux excitations si mornement répétitives de la génitalité pour venir à plus ou moins longue échéance aux ersatz du dérèglement et de la violence ? »  C. Singer

 

Pierre Rabhi,[1] un agriculteur, écrivain qui défend l’agriculture biologique. C’est un devoir, un plaisir de vous présenter sa pensée, celle-ci reflète sur notre société le même regard que nous avons formulé et elle nous invite au même appel.

P.Rabhi  fait le constat d’un monde gouverné par sa dévotion irrationnelle au veau d’or, il nous dit « l’être humain s’est octroyé le statut de prince pouvant disposer de la vie selon sa convenance (…) L’humain a trouvé dans la technologie une activité où sa démiurgie peut s’exercer pleinement… nos miracles technologiques ont de quoi nous griser mais nous éloignent des réalités les plus élémentaires de la vie, il n’y a rien de plus ignoré, méprisé, des citoyens de la terre à laquelle ils doivent leur survie quotidienne que la dangereuse ignorance d’une société surinformée sur tout sauf sur l’essentiel ».

Ceci fait écho aux firmes pharmaceutiques qui donnent la priorité à l’actionnariat plutôt qu’à la santé, à une médecine qui se veut maître de la vie, démiurge, à l’ignorance des femmes concernant leur physiologie.

P. Rabhi nous dit encore : « Le progrès essentiellement technique a contribué au chaos, mène à la fragmentation d’une réalité de nature unitaire. La fragmentation dans le domaine matériel est le reflet de la fragmentation en des lieux subtiles de la psyché humaine »

Ces propos ne sont pas sans nous rappeler une médecine spécialisée, non holistique qui a manifesté une œuvre de fragmentation en dissociant sexualité de fécondité, une médecine pyromane-pompier qui par la fécondation médicale assistée a persévéré dans cette dissociation.

P. Rabhi fait le triste constat d’une terre morte polluée « de la destruction du métabolisme naturel de la terre arable par l’agrochimie (…) L’engrais chimique provoquera un appauvrissement progressif en micro-éléments, traitant le sol comme un simple substrat plutôt que comme un organisme vivant (…) Les pesticides, les entrants chimiques polluent aujourd’hui les sols et les eaux souterraines. La mortalité humaine par les pesticides est considérable (…) Les exactions commises par l’homme contre la nature se retournent également contre lui »

Tout ce qu’écrit Pierre Rabhi est un écho de la perturbation endocrinienne, du système immunitaire, bref de la perturbation de tout le métabolisme féminin provoquée par la toxicité hormonale exogène.

Il souligne que «  notre modernité a édicté une civilisation, hors sol , déconnectée des cadences naturelles… ainsi les biens de la terre ne nous parviennent plus comme des offrandes que chaque saison en temps et lieux les plus propices en une nourriture imprégnée de la patience universelle (…) »

Ce flux tendu de la nourriture n’est pas sans nous faire penser que la contraception a aboli toute patience, a rendu possible le coït en tout temps, a fait fi de la santé de la femme, du rythme de sa sexualité, visualisé par la diphasie thermique.

Notre société nous dit encore P. Rabhi « a fait perdre à la paysannerie son autonomie alimentaire séculaire, constituant le fondement indispensable (…) aux nécessités vitales… l’a infantilisée en la soumettant à la tutelle de l’Etat et des firmes phytopharmaceutiques. L’Etat semble se donner l’image du tuteur éclairé qui imposerait à ses administrés (et pour leur bien) des innovations bénéfiques dont ils n’auraient pas conscience » L’agriculteur s’est engagé dans une aliénation irréversible par ses achats annuels d’engrais de pesticides, de semences hybrides non reproductibles. Ses achats ont conduit certains agriculteurs à un endettement chronique et certains au suicide parce qu’incapables d’honorer leurs dettes.

Ceci fait écho à l’assujettissement de notre société au monde médical, à l’Etat « nounou » qui donne ou subventionne la contraception, fait écho aux suicides que la contraception a généré chez certaines femmes et aux suicides de certains de leurs prescripteurs.

« Une agriculture dont les performances n’avaient d’égale que sa mission salvatrice, nous dit Pierre Rabhi, celle d’éradiquer les pénuries et les famines à la surface de la terre , n’a pas tenu son pari, force est de constater que les famines sont toujours là dans les pays qui se développent alors que chez nous par les excédents alimentaires générés par les performances de l’agriculture ont produit  une nourriture surabondante, frelatée, manipulée et polluée…La nourriture faite pour entretenir la vie est en train de la détruire (…) Il n’est plus de place à l’art de s’alimenter et de prendre soin de ce don magnifique que la nature a fait à notre conscience et que nous appelons notre corps Nous négligeons ainsi ce bien suprême qui a nom de santé »

Tout ceci nous fait évidemment penser à la contraception qui au départ avait pour mission, prétention salvatrice d’éradiquer les avortements, ce qui n’a pas été réalisé, de protéger la fertilité par un soi-disant repos des ovaires ce qui en fait n’a pu qu’entraîner hypofertilité, stérilité, mauvaise santé féminine.

Quel sera le remède ? D’où viendra le salut ?

Notre libération viendra de nous-mêmes nous dit Pierre Rabhi par l’éveil de notre conscience,par  la mise en route de valeurs où l’être prime sur l’avoir de valeurs qui ont pour nom l’amour, le service, le respect, la protection de la vie, de toute vie, de valeurs qui ont pour nom gratitude pour ce cadeau inespéré de la vie, émerveillement devant toute vie, devant notre corps, bienveillance envers nous-mêmes d’abord, les autres, valeurs qui ont pour nom communion, partage, compassion, avec tant de populations affamées.

Face au « toujours plus » Pierre Rabhi nous invite à la sobriété heureuse qui est un choix conscient, inspiré par la raison, elle est un art et une éthique de vie source de satisfaction et de bien-être profond . Cet appel à la sobriété heureuse ne s’aligne-t-il pas sur notre appel à l’abstinence sexuelle  requise durant une période limitée, lors de l’utilisation du planning familial naturel ? Pour Pierre « Ce monde peut être sauvé par ce que nous recelons de plus beau : la compassion, le partage, la modération, l’équité, la générosité, le respect de la vie sous toutes ses formes. Cette beauté-là est la seule capable de sauver le monde. Car elle se nourrit de ce fluide mystérieux d’une puissance constructive que rien ne peut égaler et que nous appelons l’Amour. »

En  sa lettre "Laudato Si-loué sois-Tu" du mois de juin 2015, le pape François, comme Pierre Rabhi, fait aussi  un appel à la solidarité, à une sobriété joyeuse ainsi qu'a une véritable écologie humaine quand il nous dit"L'acceptation de son propre  corps comme don de Dieu est nécessaire pour accueillir et accepter le monde tout entier comme un don du Père et la maison commune; tandis qu'une logique de domination sur son propre corps devient une logique parfois subtile, de domination sur la création. Apprendre à recevoir son propre corps, à en prendre soin et à en respecter les significations est essentiel pour une vraie écologie humaine."

En 2016, nous avons posé la question, à la Fondation Nicolas Hulot, qui a pour mission de proposer des changements de comportements individuels et qui en 2006 lança  le pacte écologique, pourquoi la Fondation, qui fustige les pesticides, les perturbateurs endocriniens de l'environnement, ne m'est-elle pas en garde la population face au danger des hormones contraceptives, pourquoi cette omerta de cette Fondation qui se pique de défendre l'écologie? Notre  question devait être très dérangeante, impertinente car nous n'avons reçu aucune réponse.

Laissons le dernier mot à  Pierre Rabhi  qui termine son livre « Manifeste pour la terre et l’humanisme » en rendant hommage à la femme, au féminin qui est au cœur du changement :

 

« La subordination du féminin à un monde masculin outrancier et violent demeure le grand handicap à l’évolution positive du genre humain. Les femmes sont plus enclines à protéger la vie qu’à la détruire. Il nous faut rendre hommage aux femmes, gardiennes de la vie, et écouter la femme qui existe en chacun d’entre nous.»

 



[1] Pierre Rabhi  Manifeste pour la terre et l’humanisme Ed. Colibris