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La  sous-notification

Les médecins et les pharmaciens ont l’obligation légale de notifier, à un centre de pharmacovigilance, les effets secondaires des médicaments qu’ils observeront chez leurs patients mais il n’existe pas une mobilisation suffisante de ces professionnels de santé en matière de notification spontanée des effets secondaires indésirables. Certains médecins, par crainte d’être accusé d’une mauvaise prescription, ne notifieraient pas ses effets secondaires. Il existerait même une collusion, entre certains professionnels de santé, pour ne pas rapporter les effets secondaires !

A décharge du corps médical il faut savoir que, durant les années d’étude du médecin, l’enseignement de la pharmacovigilance se limite à quelques petites heures ! Ces horaires réduits, pour l’étude de la pharmacologie médicale, ne permettent alors qu’une introduction très limitée au risque médicamenteux.

Selon la revue Prescrire de 2005, seulement 3 à 5 % des effets secondaires seraient notifiés ![22] La sous-notification serait d’autant plus importante si le médecin estime que le bénéfice thérapeutique est important. Ceci pourrait expliquer la sous-notification des phlébites que nous avons souligné en amont.

Cependant, beaucoup de cas d’effets secondaires notifiés proviennent du secteur hospitalier. Il est probable que de nombreux cas moins sévères, n’ayant pas entraîné d’hospitalisation n’auront pas été notifiés, voire pas diagnostiqués. C’est donc la gravité qui justifierait la notification et l’on risque alors de sous-estimer la réalité.

La pharmacovigilance, étant une interface obligatoire entre la pharmaco-thérapeutique et les études épidémiologiques cliniques, il va s’en dire que ces dernières sous-estimeront inévitablement la toxicité des médicaments en fonction de leur sous-notification par les centres de pharmacovigilance.

Selon le Pr. Lechat, pharmacologue, on ne connaît la fréquence des effets observés pendant les premiers essais thérapeutiques que sur des malades particuliers, dans des conditions d’observations et de prise particulière. Occasionnellement, si de grandes études ont été faites, expérimentales ou épidémiologiques, on disposera d’autres chiffres, si ces études ont recueilli les effets indésirables, ce qui est loin d’être la règle. C’est dire si on est loin de connaître la fréquence attendue d’un risque pour une population précise ![23]

 


[1] La vérité sur les firmes pharmaceutiques commerciales comment elles nous trompent, 2005, Le mieux être, Montebello (Québec)

[2] Lennart Hardell American J. of Industrial Medicin 2006

[3] Le grand secret de l’industrie pharmaceutique par Philippe Pignare

[4] Jama 10 nov. 1999

[5] Lancet  2001 ;357 :779 Study on risks of third-generation pill »kept secret by industry.

[6] N E J M 2008 ; 358 :252-60

[7] PLos Med 2008 ; 5(2) e 45

[8] Prescrire juin 2004 tome 24 ; 251 ,433

[9] D.Healy, let them eat Prosac,  p284

[10] Médecine et hygiène : 4 sept 2002, n° 2403 p 1957-61

[11] « Femme si vous saviez » par H. Joyeux

[12] Drug  Safety 2002 ; 25; 105

[13] Lancet 1993, 342, p. 1502

[14] Médecine et hygiène ; 4 septembre 2002 ; n°2403 ; p. 1957-61

[15] Br. j. Obst. Gynec. 1997 ;Fev. 104(2) 163-8

[16] Thérapeutique hormonale non contraceptive  proposée à la femme ménopausée.

[17] Pharmaco.  Epidemiol. Drug Sof. 1996 ; sept 5 (5) 315-9

[18] Oral contraceptive and Breast Cancer Review and Meta-analysis, Cancer 66 (1990) 2253-2263

[19] Mayo Clin. Proc. Oct. 2006.  81(10), 1290-1302

[20] Haert and Circulatory-physiology ;2007, Vol :292,n°6

[21] « La tyrannie du plaisir » J-C  Guillebaud  Ed. Seuil 1998

[22] Prescrire 2005; 25 (260):276-280

[23] Pharmacologie 2006-7 Université Pierre et Marie Curie Pr. P. Lechat.