Ménopause précoce
La ménopause précoce, également dénommée"insuffisance ovarienne précoce" est définie par l'arrêt pathologique de l"activité ovarienne avant 40 ans avec pour conséquence une aménorrhée, une perte de la fertilité. Une adolescente peut souffrir d'une ménopause précoce et une femme sur 1000 aurait une ménopause précoce avant 30 ans, une femme sur 100 aurait une ménopause précoce avant 40 ans.
Les symptômes
sont les menstruations irrégulières, l'aménorrhée, l'insomnie, les sueurs nocturnes, l'anxiété, la dépression, la diminution de la libido, la sécheresse vaginale, cutanée, la prise de poids.
Au point de vue physiologique,
l'endomètre est atrophié ,après une prise prolongée de la pilule, semblable à celui d'une femme ménopausée! C'est la même atrophie qu'on observe après radiothérapie du bassin.
La pilule à l'origine d'une ménopause précoce?
Pour la gynécologue Ellen Grant, l’aménorrhée, après arrêt de la pilule, est multipliée par 3 (Etude RCGP) et elle peut parfois conduire à une ménopause précoce.
A contrario, face au constat d’une ménopause précoce, après arrêt de la contraception hormonale, des médecins l’incriminent uniquement à la femme, étant donné qu’elle peut être sujette à une ménopause obscure, la contraception, par le leurre de la régularisation des menstrues, ferait alors office d’écran à la ménopause précoce caractérisée principalement par des menstrues irrégulières. Ces médecines n’envisagent donc pas que la pilule puisse générer une ménopause précoce, ni qu’elle puisse enfoncer la femme dans sa ménopause obscure.
En fait, avec la prise de la pilule certaines femmes pourront subir un vieillissement ovarien accéléré, masqué par les hormones contraceptives. La réserve ovarienne représente la capacité des ovaires à produire des ovocytes de bonne qualité, elle est liée étroitement au potentiel reproductif de la femme. Celui-ci diminue progressivement avec l’âge. La diminution de la réserve ovarienne se traduit par une diminution de la quantité et de la qualité des ovocytes.
Comment évalue-t-on la réserve ovarienne?
Par l'échographie endo-vaginale, le médecin va compter à l'écran les follicules antraux, c'est à dire les follicules de 2 à 10 mm se situant juste avant le stade follicule mûr.
Un bon marqueur quantitatif de la réserve ovarienne est l’hormone anti-müllérienne (AMH) secrétée par les follicules ovariens [1]. Plus le stock d'ovocytes est faible, plus l'AMH est basse. Quand le taux d'AMH est anormalement bas et quand très peu de follicules sont détectés à l'échographie, on identifie alors une insuffisance ovarienne prématurée.
Chez les femmes qui prennent la contraception hormonale on a observé une diminution significative de l’AMH [2]c’est dire on ne peut mieux que la pilule, par l’appauvrissement du stock des ovocytes contenus dans les follicules, pourrait diminuer la fertilité féminine, réduire précocement sa vie reproductive. Cet appauvrissement du stock des ovocytes n’a rien d’exceptionnel, il s’aligne sur la diminution des spermatozoïdes générée par la contraception hormonale masculine à base de testostérone. Seulement, chez la femme la diminution de ses ovocytes est définitive, il lui sera impossible de les récupérer avec le temps, alors que pour l’homme, la situation est différente, car celui-ci peut reconstituer, après arrêt de sa contraception hormonale, sa concentration primitive de spermatozoïdes.
La diminution de la réserve ovarienne se traduit non seulement par la quantité des ovocytes mais aussi par leur qualité. Le lien entre les paramètres de la réserve ovarienne et la qualité des ovocytes est très débattu aujourd’hui.[3] Certaines études rapportent un lien entre l’AMH et la morphologie des ovocytes.. Ceci pourrait être mis en parallèle avec l’augmentation de l’altération morphologique des spermatozoïdes provoquée par une contraception hormonale à base de testostérone.
Les études
Une étude sur 833 femmes, âgées de 19 à 46 ans, a été présentée le 30 juin 2014 lors du congrès annuel de l'European Society of Human Reproduction and Embryology, à Munich, par le docteur Birch Petersen.Comparées aux femmes qui utilisaient un autre moyen que la contraception hormonale, les femmes sous contraceptifs oraux combinés présentaient après ajustement pour l'âge, l'indice de masse corporelle, le tabagisme et l'âge de leur mère au moment de la ménopause, une diminution de 30% du taux d'AMH, un nombre de follicules antraux réduit de 20% et des ovaires entre 29 et 52% plus petits que les autres femmes , surtout chez les sujets les plus jeunes, entre 19 et 30 ans.
L'étude de Kalio (Fertil Steril 2013; 99: 1305-10) montre une diminution significative de l'AMH indépendamment de la voie d'administration de la contraception hormonale.Des réductions significatives d'AMH ont déjà été détectées après 5 semaines d'utilisation de contraceptifs combinés.
L'étude de Bentzen JG (Reprod biomed online 2012; 25:612-9) sur 228 utilisatrices de la contraception hormonale contre 504 non-utilisatrices. Les utilisatrices de la contraception hormonale avaient une concentration de 29,8% inférieure d'AMH, le nombre de follicules antraux était de 30,4% inférieure et le volume de l'ovaire 42,2% de moins par rapport aux non-utilisatrices de la contraception hormonale.
Avec l'étude de Johnson LN ( Fertil Steril 13 juin 2014) on observe que l'AMH et que le nombre de follicules antraux sont plus faibles chez les femmes en bonne santé prenant la contraception hormonale.
Les études de Van Den Berg MH (human Reprod 2010; 25:1250-7) et de Dolleman (Clin Endocrinol Metab 2013;98:2106-15) constatent aussi une diminution significative d'AMH chez les femmes qui prennent la contraception hormonale.
Pour la petite histoire, sachons que dès 1958 Edward Tyler, directeur du planning familial de Los Angeles rapporta lors d'un congrès que de nombreuses femmes arrêtent la pilule à cause des effets secondaires: prise de poids oedème des pieds, des mains, du visage dû à une rétention d'eau, les biopsies de deux femmes montrèrent un changement inculpant une ménopause précoce.(History of Medecine vol 47 April 2002)
Les facteurs de risque de la ménopause précoce
La chimiothérapie (pour traiter un cancer du sein précoce par exemple),, l’endométriose, les salpingites, les infections virales, le diabète, les ovaires polykystiques, le tabac, l'alcool, les affections cardio-vasculaires, le lupus érythémateux systémique, le purpura thrombocytopénique, le dysfonctionnement de la thyroïde, les anomalies chromosomiques, les candidoses récurrentes , la contraception hormonale,[4] laquelle est aussi associée aux facteurs énoncés en amont. Ces facteurs de risque seront analysés au chapitre : Les facteurs de risque d'infertilité, de maladie.
D'autres facteurs de risque sont à considérer: les perturbateurs endocriniens, l'hérédité, c'est dire que certaines femmes n'ont pas reçu à la naissance assez d'ovules, elles auront un épuisement prématuré des ovules et la pilule accélèrera cet épuisement. La contraception hormonale diminuera donc la période de conception. N’avoir jamais utilisé la contraception hormonale dans sa vie va de pair avec une ménopause plus tardive [5].
Le traitement
Nous proposons la NaProTecnologie pour restaurer la fertilité après ménopause précoce.
Commentaire
Chez la plupart des femmes en bonne santé ayant pris la contraception hormonale, on pourrait considérer que celle-ci, malgré une certaine diminution de l'AMH et d'un certain nombre de follicules antraux, n'aura pas un impact important sur leur fertilité future.
Par contre, chez les femmes, qui souffrent d'une affection (obésité, fibrome, règles irrégulières...) d'une intoxication (tabagisme, alcoolisme..) d'une hérédité susceptible une ménopause précoce, ne serait-on pas en droit de penser que certaines de ces femmes subiront une infertilité prolongée, définitive ou d'une ménopause précoce après arrêt d'une contraception hormonale prise trop longtemps?
Il est utile de savoir qu'une ménopause précoce, selon l'étude de Mayo Clinic effectuée sur 2390 femmes, augmenterait de 68% la maladie de Parkinson.( RR significatif 1,68)
[1] La femme en âge de procréer, à chaque cycle, l’un des follicules ovariens va augmenter de volume puis par son éclatement libérer un ovocyte. Le nombre des ovocytes est limité chez la femme et il diminue avec son age.
[2] Kallio S. « Antimullerian hormone levers decrease in women using combined contraception » Fertil Steril 2012
[3] Revue Médicale Suisse 23 octobre 2013 ; 9 :1954-8 i. Streuli
[4]The Lancet, 2008, 1, mars : 371 p. 760
[5] Revue médicale suisse 28/7/2011 page 1436