Le cancer colorectal
Les cancers du côlon et du rectum étant assez semblables, on les regroupe sous le terme de cancer colorectal. Il s'agit toujours d'une tumeur maligne .
C'est le second cancer, en termes de fréquence, chez la femme après le cancer du sein.
Causes et facteurs de risque
L'âge, l'hérédité ou des mutations, les maladies inflammatoires chroniques intestinales ( la maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique), le mode de vie, la contraception hormonale, le faible taux en acide folique…
La contraception hormonale et le cancer colorectal
En 1998, d’après l’analyse de plusieurs études épidémiologiques contradictoires, la contraception hormonale ne semble pas augmenter le cancer colorectal et elle peut même avoir un effet favorable sur son incidence.[1]
A contrario, en 2005, le Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français (GNGOF) ne mentionnait pas la pilule comme facteur diminuant le cancer colorectal et le Centre International de la Recherche sur le Cancer concluait, le 7 août 2005, de façon officielle que les estrogènes, les progestatifs doivent être classés dans le groupe 1 des produits cancérigènes.
La rectocolite hémorragique et la contraception hormonale
Cette affection est un facteur de risque du cancer colorectal. Selon les études, la pilule augmente le risque relatif de : 1,29[2], 2[3], 1,7[4].
La maladie de Crohn et la contraception hormonale
De même, cette affection est un facteur de risque du cancer colorectal.
Aux Etats-Unis en 1960, la pilule a été liée à une augmentation spectaculaire de la maladie de Crohn[5].
La pilule augmente le risque relatif de la maladie de Crohn de 1,7[6]. Les femmes qui ont utilisé la pilule durant 6 mois avant la maladie de Crohn, ont un risque relatif de maladie de Crohn de 2,6 et les femmes qui ont utilisé durant 6 ans la contraception estroprogestative ont un risque relatif de 5,1[7].
Selon un grand nombre d’études (méta analyse de Cornish) sur 75 815 femmes, le risque relatif 1.44 [8] lié à la maladie de Crohn augmente avec la durée de la prise de la contraception estroprogestative et ne diminue pas tout de suite, après l’abandon de cette contraception.
L’acide folique à titre préventif du cancer colorectal
Au chapitre aberrations chromosomiques, nous avons montré que la contraception hormonale diminuait la concentration en acide folique.
Les femmes sous pilule ont un intérêt à prendre une alimentation riche en acide folique si elles veulent diminuer le risque du cancer colorectal. En effet de nombreuses études épidémiologiques montrent (…), une diminution du risque de cancers du côlon en cas d'augmentation d'apport d'acide folique d'origine alimentaire. L'acide folique protège contre la survenue de polypes et de cancer colorectal avant l'apparition de cellules néoplasiques (Prévention primaire).[9]
Même de faibles niveaux d'acide folique dans l’alimentation peuvent réduire le risque de cancer du côlon, suggère les conclusions d'une équipe de recherche à l'Université d'Umeå,[10]
Par rapport aux femmes qui ont consommé 200 microg ou moins de l'acide folique / jour, le RR ajusté selon l'âge du cancer du côlon pour ceux qui ont consommé> 400 microg / jour était de 0,81 chez les femmes sans antécédents familiaux du cancer colorectal.
Une méta-analyse publiée en 2005 s’est penchée sur 16 études: les auteurs ont conclu que le folate, sous forme alimentaire, pouvait avoir un léger effet protecteur contre le cancer du côlon.[11]
[1] Contraception. 1998 Dec; 58(6):335-43.Franceschi S, La Vecchia C
[2] Gut 1995, nov 37 (5) 668-73
[3] Am. J. Epidemiol. August. 1994 ,1,140 (3) 2668-78
[4] Int J.Epidemiol 1993;22:268-272
[5] Gastro. Enterology 1985 – 89 (5) ; 1046-9
[6] Int. J. Epidemiology 1993, 22 ; 268-272
[7] Am. J. Epidemiology 1994 Aug. 1. 140 (3) ; 268-78
[8] Gut. 1995, nov, 37(5) 668-73
[9] Revue médicale Suisse 15.02.2012
[10] La revue Gut 2006 Bethany Van Guelpen
[11] Int J Cancer. 2005 Feb 20; 1
La contraception hormonale par les progestatifs de synthèse.
Les progestatifs de synthèse et la fertilité
La progestérone secrétée par l’organisme, après l’ovulation, soutient la gestation ce qui n’est pas le cas des progestatifs de synthèse car leur effet sur la gestation est inconstant, c’est pourquoi ils sont contre indiqués pour soutenir la gestation.
La noréthistérone (Norluten) , le lynestrénol (Orgamétril) pris durant la grossesse, ces progestatifs risquent d' entraîner une masculinisation du fœtus féminin.
Contre-indication
pour la femme présentant ou ayant eu des antécédents de tumeur des seins, de l'utérus, de tumeur maligne ou bénigne du foie, d'une cirrhose hépatique sévère. (WHO 2000) Ils sont contre- indiqués chez la femme présentant ou ayant eu des antécédents cardiovasculaire, d'accident thromboembolique veineux en cours (phlébite, embolie pulmonaire...), en cas de présence ou d'antécédent d'infection des trompes ovariennes ,de grossesse extra utérine, de kystes des ovaires, d'anomalies de la glande mammaire.
Commentaire: Il faut, hors le cas de la grossesse, considérer la plupart des contre-indications données par une firme pharmaceutique comme des effets indésirables en soi , subtilement dissimulés, non avoués, la firme ne voulant uniquement reconnaître que le réveil d'une pathologie ancienne, l'entretien d'une pathologie présente mais non l'initiation de sa molécule pour la pathologie contre-indiquée
Notez que pour la spécialité Orgamétril à base de lynestrénol, les résumés des caractéristiques, version dictionnaire Vidal 2004 des spécialités à base de progestatif à forte dose, précisent qu'"avant le début du traitement le médecin doit s'assurer de l'absence de cancer du sein ou de l'endomètre."
Effets indésirables
Irrégularité des cycles, arrêt des règles, saignement entre les règles, cycles prolongés. Les causes exactes de ces saignements sont mal connues et leur prise en charge est mal codifiée. Les nombreuses irrégularités menstruelles obligent parfois à administrer en sus des estrogènes à bon nombre d'utilisatrices!
Oedèmes, ictère cholestatique, douleur ou tension des seins, modification de l'appétit, de l'humeur, dépression, idées suicidaires, baisse de la libido, maux de tête, vertiges, nervosité, acné, chute de cheveux, pousse anormale des poils, urticaire, prise de poids, kyste ovarien, vaginite, nausées et douleurs abdominales qui sont les symptômes d'une grossesse extra-utérine pourraient éventuellement la cacher. Addiction à la progestérone.
Les progestatifs de synthèse ont montré un effet néfaste sur l'os d'autant plus important que leur durée d'utilisation a été plus longue et que cette contraception progestative a été prise chez les très jeunes filles, altérant ainsi l’acquisition du pic de la masse osseuse. [1]La spécialité Depo-Provera à base de Depot médroxyprogestérone a un impact négatif sur la masse osseuse avec une perte de 3 % [2] après 2 ans d'utilisation. Cette diminution de la masse osseuse pourra être à l’origine d’une ostéoporose précoce !
Avec l'implant progestatif on a : des difficultés lors de sa pose, des déformations, des expulsions, des taux de grossesses extra-utérines importants (11%), des complications infectieuses ou des thromboses veineuses superficielles au site de la pose de l'implant, des lésions nerveuses souvent avec séquelles. Lors du retrait de l'implant: échec de localisation ou migration...(Prescrire 2014;363:22)
La différence entre les pilules de 1°,2°,3°,4° génération provient essentiellement du changement du progestatif associé à l'oestrogène.
Pilule de première génération à base du progestatif Norethistérone. Spécialité:Triella
Pilules de deuxième génération à base des progestatifs: Lévonorgestrel, Norgestrel, Norgestimate. Spécialités: Minidril, Leeloo, Adepal, Trinordiol, Stéridril.
Pilules de troisième génération à base des progestatifs Désogestrel Gestodène. Spécialités: Varnoline, Mercilon, Désobel, Mélodia, Harmonet, Minulet, Méliane.
Pilules de quatrième génération à base de progestatifs Drospirénone, Normégestrol, Diénogest, Chlormadinone. Spécialités: Zoely, Qlaira, Yaz, Jasminelle, Bélara.
Les progestatifs de synthèse peuvent être androgéniques [3]aussi bien que progestéroniques mais aussi estrogéniques, anti-estrogéniques. Les progestatifs des dernières générations sont moins androgéniques, ce qui a permis de diminuer les doses d’éthinylestradiol dans certaines spécialités.
La forme pharmaceutique de ces progestatifs, peut être le comprimé, l’ampoule injectable, le stérilet avec un progestatif de synthèse, l’implant, le patch (Eva), l’anneau vaginale (Nuvaring)
Il faut distinguer les progestatifs dit microdosés( Microval, Cerazette) des macrodosés (Orgametril).
La dermatite auto-immune de progestérone( DAP) est un trouble rare caractérisé par des manifestations cutanées récurrentes à partir de la phase lutéale du cycle menstruel de la femme. Les femmes fécondes ayant des antécédents d'apports exogènes de progestérone sont concernées. (Rodenas, Herranz et tercedor 1998)
Les signes de la DAP peuvent se présenter sous forme d'urticaire, d'angioedème, d'éruptions cutanées rouges en forme d'anneaux, d'érythème polymorphe et de lésion eczémateuse, d'une allergie parfois grave, de gonflement ou de plaies dans la bouche.
L'acétate de cyprotérone a été associé à une augmentation de 7 à 11 fois du cancer cérébral, le méningiome, par rapport à une population qui ne prenait pas ce progestatif, mais d'autres progestatifs sont impliqués dans ce cancer:Chlormadinone, Acétate de médroxyprogesterone, lévonorgestrel...
Le mode d’action des progestatifs de synthèse
Grâce à leur dose élevée, 10 à 100 fois supérieure à la dose de la progestérone naturelle, les progestatifs de synthèse entraîneraient un blocage de l’ovulation dans cinquante pour cent des cycles, Ils augmentent la viscosité de la glaire cervicale, ce qui rend plus difficile la pénétration des spermatozoïdes et ils ralentissent le péristaltisme des trompes.
Ils atrophient l’endomètre rendant impossible la nidation. Les saignements anormaux lors de la contraception de longue durée à base de progestatif de synthèse sont occasionnés par un changement structurel qui compromet une micro-vascularisation de l’endomètre et l’intégrité de son épithélium. Cet épithélium fragilisé amènera à des saignements utérins anormaux.[4]
L’efficacité
L’efficacité des pilules à base de progestatif de synthèse s’aligne sur celle de la contraception estroprogestative, l’implant (implanon) a un indice de pearl de 0,5% et les progestatifs injectables à base de médroxyprogestérone acétate un indice de Pearl d e 0.3[5] à 3%.[6]
Le progestatif, abusivement qualifié de faiblement dosé de la spécialité Microval à base de 0,03 mg de lévonorgestrel, est déconseillé en cas d'antécédent de grossesse extra-utérine (GEUà ou de salpingite. Ce progestatif, en l'absence de ces antécédents peut induire une GEU, on observe, en effet, 4 à 10% de GEU sous progestatif faiblement dosé. L'essai conduit par l"OMS donne 2 GEU sur 22 grossesses, et le risque de GEU est plus élevé chez les femmes sous progestatif faiblement dosé que sous pilule estroprogestative.( Contraception 1982: 25(3) 243-252 ) En valeur absolue le risque estimé de GEU est de 4,75 pour 1000 femmes par an, ce risque est peu éloigné de celui lié au stérilet. (Prescrire, 2004; N° 248, page 201 )Par contre l'incidence de GEU d'une femme sans contraception serait de 2,66 pour 1000femmes par an, c'est dire que le progestatif faiblement dosé multiplierait par deux le nombre de GEU!
Si l'on veut en savoir plus sur l'implication de la contraception et les GEU,cliquez ici.
L’indication des progestatifs
Ici il nous distinguer les progestatifs de synthèse[7] dont l’indication est uniquement la contraception, [8]des progestatifs[9] dont l’indication n’est plus la contraception mais uniquement, les symptômes douloureux de l’endométriose, des fibromes, les irrégularités menstruelles, l’ insuffisance progestative, les règles douloureuses, le syndrome prémenstruel ![10]
Comme pour la pilule estroprogestative, les indications des progestatifs ne sont pas toujours respectées et certains médecins prescriront inadéquatement un progestatif de synthèse pour gérer à la fois une contraception et une des affections gynécologiques, il fait d’une pierre deux coups !
La contraception hormonal de la femme serait –elle une castration chimique?
En 1952, le gynécologue Rock, associé à Pincus pour la mise au point de la première pilule contraceptive, injectait de la progestérone et des estrogènes dans le but d’aider les femmes à concevoir. Il pensait qu’en suspendant l’ovulation durant quelques mois et en laissant le système croire qu’une grossesse se produisait, que par un effet rebond la fécondité serait améliorée chez la femme, cette suspension de l’activité ovarienne, due à une inhibition de la sécrétion de gonadotrophines hypophysaires, fut dénommée : « repos des ovaires », chez l’homme, par contre l’inhibition de l’activité de ses gonades fut dénommée « castration chimique. » !
La Depo Provera (médicament contraceptif à base de progestérone), a été expérimenté en 1966 comme un moyen de castration chimique. En effet cette année-là J. Money, sexologue l’a prescrit comme traitement pour un patient sujet à la pédophilie. Il est devenu le premier américain à employer la castration chimique.
Aujourd’hui, chez le délinquant sexuel masculin, la suspension, l’inhibition de l’activité des gonades avec un dérivé de la progestérone constitutif de la spécialité Androcur ou Depo-Provera, est appelé : « castration chimique ». Curieusement, ce traitement qui est le même que celui de la femme prenant la pilule contraceptive progestative, chez l’homme, cette camisole chimique fait débat à cause des préoccupations liées aux droits de l’homme et aux effets secondaires [11]! Notons que ceux-ci sont les mêmes que ceux de la femme sous pilule et que la camisole chimique, la castration de celle-ci n’a jamais soulevé un grand débat !
Aujourd’hui, le problème pour des médecins n’est pas de savoir si la castration chimique masculine est efficace ou pas, mais comment surmonter leurs réticences vis à vis de ce traitement à imposer aux pédophiles, traitement qui de plus, ne serait pas en accord avec le code de déontologie médicinal ! On peut se demander si ces médecins se posent autant de réticences à prescrire la pilule à des femmes qui la considèrent comme une contrainte imposée par le monde médical, par notre société.
[1]The Lancet, 7 april 2007 ; 369 ; p. 1220
[2] Pédiatrie Drugs 2006 ; 8 (1), p. 37
[3]Un progestatif de 1° génération égale un de 2° génération.
[4] Trends Endocrinol. Metab. 2008 July 19 (5) 167-74
[5] The medical letter 21-1-1993
[6] Contraception technology 18 édition New-York ardent media
[7] Comme Gérazette à base de Désogestrel ou Microval à base de Lévonorgestrel,
[8] En France ils n’ont pas obtenu l’autorisation sur le marché pour cette indication ! La pilule contraceptive Pr. H. Joyeux Ed. du Rocher p : 103
[9] Comme, Luteran, Orgamétril
[10] Ce point d’exclamation ce justifie pleinement, car une analyse de Minerva (2002 ; 31 (7) 370-1) était arrivée à la conclusion que les progestatifs de synthèse ne sont pas indiqués pour le syndrome prémenstruel.
[11] Effets secondaires d’Androcur : Chez l'homme : stérilité temporaire, gynécomastie, variation de poids,impuissance, perte osseuse lors d'un traitement de longue durée.·Chez la femme:· Des troubles des règles·, prise de poids. Chez l'homme et chez la femme:· Difficultés respiratoires, aggravation d'une maladie veineuse des jambes, fatigue, asthénie, état d'agitation, humeur dépressive, migraine, maux de tête., une gêne inhabituelle de la vision, un accident vasculaire thrombo-embolique, jaunisse.