Histoire du Diéthylstilbestrol

Le Diéthylstilbestol (DES) est une molécule estrogène-like, comme l'est l'éthinylestradiol de la pilule, il a été synthétisé en 1938 et il fut commercialisé en France  sous le nom de Distilbène.

Le DES peut être source de stérilité, d’hypofertilité pour les enfants (2° génération) dont la mère l'a pris  lors de sa grossesse. Le risque de malformations congénitales induites par le DES est essentiellement dû à la précocité de sa prise, plus que de sa durée ou de sa dose. Le DES est d’autant plus toxique qu’il est pris entre la sixième et  la dix-septième semaine de la grossesse.

Les filles, dont les mères furent exposées au DES, auront leur fécondité affectée par des malformations de l’utérus (utérus en T, à fond arqué), par l'absence de vagin ou un cancer du vagin, du col, du sein, par de l’endométriose des trompes, des anomalies de la glaire… ces filles devenues adultes auront d’avantage des prématurés (RR2), des avortements spontanés, des grossesses extra-utérines…

Les garçons auront aussi une baisse de leur fertilité, due à une spermatogenèse anormale, de la cryptorchidie (un des testicules ne descend pas normalement  dans la bourse), de l’hypospadias (l’orifice de sortie urinaire du pénis n’est plus situé à l’extrémité du gland mais sous le gland) et au cancer des testicules.

Les conséquences  pour les petits-enfants (3° génération): les filles auront un retard dans la régulation des règles, les garçons auront un orifice urinaire décalé sous la verge.

Une histoire américaine d'abord

La  synthèse du DES, par Dodds en 1938,  intervenait dans le contexte d'un débat sur les propriétés cancérigènes des estrogènes. Plusieurs indices attestaient la dangerosité de cette molécule.

En 1941 la Food And  Dug Administration (FDA) après des mois d'instruction autorise la mise sur le marché du DES.

En 1947, la FDA  autorise l'utilisation de DES pour le traitement des fausses couches.

En 1950, le DES avait son pic de prescription, sa consommation chute dès cette date jusqu'à son interdiction en 1971.

En 1953,  paraît une étude  de W.J.  Dieckman montrant l'inefficacité du DES dans toutes les indications pour lesquelles il est prescrit chez la femme  enceinte. Cette   bonne étude épidémiologique passera inaperçue!

En  1970, A. Herbst et R.Scully découvrent chez des jeunes filles âgées de 15 à 22 ans des cas de  cancer du vagin dit 'à cellules claires". Ces cancers étaient associés significativement au DES. Ces résultats furent publiés en 1971 dans le New England Journal of Medecine. Aux Etats-Unis, la prescription du DES fut dès lors contre-indiquée dans le cas d'une grossesse.

En 1973, le Diethylstilbestrol fut approuvé par la FDA comme contraception d’urgence et elle le considéra comme une molécule sûre, mais si son efficacité a échoué, il faudra considérer un avortement, car un possible effet tératogène ou carcinogène existe. [22]

En France

En  1972 Herbst a mis en garde ses confrères français contre les dangers du DES, mais la plupart sont restés sourds à ses propos, ils affirmaient utiliser le DES à meilleur escient que leurs confrères américains. Cependant, la gynécologue Jeanine-henry-Suchet pris l'alerte de Herbst au sérieux et elle proposa au Collège national des gynécologues et obstétriciens français d'informer systématiquement l'ensemble des mères traitées. Inutile, lui a-t-on rétorqué, d'affoler des centaines de milliers de femmes  alors que les cas de ce cancer sont très rares.

En 1977, la contre-indication du DES se fit en toute discrétion, uniquement via une mention dans  le dictionnaire Vidal  et il fut retiré du marché.

En 1990, le DES était encore donné à des femmes enceintes dans des pays tel l'Ouganda, la Pologne, le Mexique ! [23] 

En 2003, l’Union chimique belge pharma (UCB) ne reconnaissait toujours pas encore sa responsabilité dans la formation des cancers et des malformations utérines des filles, dont la mère avait pris du DES durant la grossesse. L’UCB aurait dû, après jugement, indemniser les plaignantes mais fit appel ! Ceci nous montre la très, très mauvaise volonté de l’UCB à reconnaître sa responsabilité et à dédommager les plaignantes.

En 2006, la cour d’appel de Versailles a confirmé la responsabilité de l’UCB