La contraception  hormonale masculine.

 

Cette contraception hormonale n’a pas provoqué un grand enthousiasme chez les hommes bien que son efficacité soit comparable à celle de la pilule. Cette contraception masculine resterait un problème non résolu pour la médecine à cause de l’ignorance de la spermatogenèse et de son contrôle hormonale. Notons qu’on pourrait tenir les mêmes propos concernant la contraception féminine.

 La diminution de la libido, l’atrophie visible des testicules,  comparable à l’atrophie cachée des ovaires induite par  cette contraception hormonale,  n’a certainement  pas convaincu  la gent masculine de s’investir dans une contraception hormonale. La spermatogenèse est sacrée car elle est constante et abondante et il faut respecter la nature masculine, il y va pour certains hommes de leur dignité !

               De plus,  la toxicité de cette contraception est  similaire  à celle de la pilule. Prise de poids, modification du comportement, augmentation des cancers du foie, de la prostate, des testicules, des maladies hépatiques, cardiaques…n’ont pas certainement aidé à  convaincre   les hommes de prendre cette contraception durant des années.

Pour  C. Valabrègue  « Il n’existe pas encore de pilule pour hommes car ils n’ont jamais été prêts à amputer l’image qu’ils nourrissent de la puissance masculine en prenant la pilule pour l’homme. »[1]

                                         La contraception hormonale masculine  à base de testostérone annonce, confirme la subfertilité, la stérilité initiée par la pilule.

En 1950, Heller avait constaté que l’injection quotidienne de propionate de testostérone, durant 24 à 99 jours provoquait une absence de spermatozoïdes dans le sperme. (Azoospermie) Suite à ce premier essais, quelques études ont été effectuée avec la testostérone naturelle ou de l’énanthate de testostérone, on a aussi dans certains essais ajoutés un progestatif de synthèse. Ces études étaient effectuées en sélectionnant  des hommes en bonne santé et qui avaient manifesté leur fertilité en ayant  engendré un enfant.

Concernant  la fertilité , après contraception hormonale masculine, nous ne détenons que des petites études effectuées à court terme et selon ces études,  ce mode de contraception restituerait la fertilité après un délai de trois, quatre mois. Mais on ignore quels auraient été les résultats d’études à plus long terme.

 Nous pensons pouvoir répondre à cette question en considérant que la testostérone fait partie des hormones stéroïdes anabolisantes–androgéniques,[2] (SAA) et la revue Prescrire, en 1998,[3] fait état  de deux études britanniques de stérilité masculine induite par les SAA utilisés par des sportifs. Ces études observent des troubles de la stérilité pouvant se régler quelques mois après l'arrêt de la prise d'anabolisants. Cependant, pour Le gynécologue  Pierre Miron [4], spécialiste canadien de la reproduction, dans certains cas la spermatogenèse ne sera jamais recouvrée, une stérilité permanente aura été induite par les SAA.  Comme on le voit, cette  stérilité induite,  par un anabolisant contraceptif comme la testostérone est tout à fait comparable à l’infertilité induite par la contraception estroprogestative. Cette stérilité masculine  peut être due à une diminution ou une absence du sperme, à une augmentation des anomalies de la morphologie et de la motilité des spermatozoïdes, à des changements dans les tubes séminifères.

Cette diminution du nombre des spermatozoïdes par la testostérone annonce et s’aligne sur la diminution des ovocytes dans les ovaires par la contraception estroprogestative. Voir : Ménopause précoce. 

L’augmentation des anomalies  des spermatozoïdes,  dues à des aberrations chromosomiques, annonce et s’aligne aussi  sur la  diminution de la qualité des ovocytes généré par la pilule.

. Avec  une contraception à base de testostérone et de progestérone de synthèse (DPMA), il y a 50% des hommes  présentant une absence de spermatozoïdes et chez les autres une diminution du sperme ce qui n’assurerait pas une efficacité contraceptive suffisante. De plus, comme avec la pilule, on observe  une accumulation hormonale dans les tissus graisseux  et une phase de récupération de la fertilité qui  pourrait demander un an.

Le traitement de cette infertilité médicamenteuse se fera  par le clomifène, les gonadotrophines,… c'est-à-dire les mêmes molécules utilisées pour traiter l’infertilité féminine.

Après réflexion, ne pourrait-on pas se demander si, pour un grand pourcentage d’homme, cette contraception hormonale à base de testostérone ne pourrait-elle pas convenir ? 

Efficacité de la contraception hormonale masculine

L’OMS donne un indice de Pearl de 1,4. L’efficacité en pratique serait donc comparable à celle de la pilule.

Les testicules assurent deux fonctions, la production de l’hormone androgène comme la testostérone et des spermatozoïdes. Elles sont sous le contrôle comme la pilule de l’axe hypothalamus-hypophysaire. La prise de testostérone exogène inhibe la sécrétion des gonadotophines (FSH et LH) ce qui provoque l’arrêt de la spermatogenèse mais il est nécessaire d’entreprendre durant 3 mois une prise de testostérone pour obtenir une azoospermie.

Une étude de l'institut de veille sanitaire de 2013 portant sur la qualité du sperme des français, conclut qu'une exposition environnementale à des perturbateurs endocriniens (pesticides) conduit à une diminution significative de la concentration en spermatozoïdes et de la qualité de leurs morphologies.Tout ceci pour souligner que la pilule s'aligne sur cette étude, perturbateur endocrinien de première classe, prise durant des années, elle aura  un impact sur la quantité et la qualité des ovocytes.  

 Thérèse Hargot, sexologue, philosophe, qui a signé en 2010" Pour une libération sexuelle véritable" nous donne son regard sur "Le double langage de la médecine"

La valeur positive attribuée à la virilité n'a pas son pareil pou la féminité. Pour l'homme l'interruption de sa fertilité est une atteinte à sa virilité. Pour la femme, l'interruption de sa fertilité est une liberté. Pour cause, le corps de la femme est perçu comme intrinsèquement pathologique comme leur capacité à devenir mère, comme le montre la médicalisation de l'accouchement (...) on comprend qu'à partir du moment où le corps féminin est considéré comme malade, il n'y a qu' un pas pour lui accorder moins de "valeur". Ne correspondant pas à l'idéal masculin, ni aux normes de santé qui en découlent, les femmes se voient retirer la qualité de ce qui mérite le respect. Le corps féminin est maltraité par la médecine moderne qui pourtant et paradoxalement lui porte une immense attention et prétend aider les femmes à contrôler leur fécondité. Le corps masculin lui a une valeur si importante qu'il ne souffre pas de tels traitements.Peut-on imaginer aussi le même traitement médiatique si des hommes sous pilule avaient fait l'expérience ne fût- ce des désagréments cités plus haut. Voire pire, si l'un deux était mort.

Cette partie obscure de l'histoire de la contraception, ces femmes mortes pour que la fécondité puisse être maîtrisée est consciemment oubliée au nom de l'efficacité technique de ce qui a été considéré comme l'un des plus importants progrès scientifique du vingtième siècle. La médecine moderne proclame ce à quoi elle attribue la plus grande valeur l'efficacité de la technique. Comment peut-elle alors encore prétendre  être au service de l'humain à partir du moment où sa préoccupation principale est ailleurs!

Source: Bio Info  Le féminin malade septembre 2015 page 40

 

 



[1] C. Valabrègue et S.Treiner, “ la pilule et après », Ed. Stock 1996

[2] Les propriétés anabolisantes se manifestent par une augmentation des   tissus musculaires  et les propriétés androgéniques ou virilisantes par   pilosité, la voix masculine.

[3] Prescrire ; octobre 1998 N°188 page 677

[4] Fertilys centre de procréation.  Dr. Pierre Miron