La thrombophilie
La thrombophilie est une pathologie de la coagulation, une source de caillots, d'hémorragie. Il existe plusieurs thrombophilies.
Les thrombophilies d'origine génétique sont la déficience en protéine C ou S, le facteur V de Leiden, le facteur de prothrombine 20210A, ces deux facteurs augmentent de 40 % le risque de thromboembolie veineuse récurrente....
Le groupe des thrombophilies secondaires inclus la présence de lupus érythémateux, d'hyper homocystéinémie, de l'obésité, de l'hyperthyroïdie, des maladies inflammatoires de l'intestin....
Les thrombopilies dues à l'environnement: la grossesse, l'interruption de grossesse, la chirurgie, l'immobilisation, la contraception hormonale, la thérapeutique hormonale substitutive...
La pilule hormonale, un renfort de la thrombophilie!
La pilule augmente le risque de la thrombophilie et la Phlébite ou thrombose veineuse profonde (TVP) est une thrombophilie associée à la pilule, il en est de même de l’embolie pulmonaire, de l’accident vasculaire cérébral, de l’infarctus du myocarde.
La femme porteuse de la mutation génétique de la prothrombine, de la mutation de Leiden aura un risque de thrombophilie considérablement augmenté. C'est pourquoi en France, la Haute Autorité de la Santé (HAS 2011) recommande, chez la femme en âge de procréer avant la prescription d'une contraception estroprogestative, un bilan de la thrombophilie (mutation de Leiden, mutation du gène de la prothrombine….) Mais ce bilan n'est pas effectué systématiquement parce que trop coûteux!
Les autres affections associées à la thrombophilie et à la pilule sont: La thrombose veineuse superficielle Le purpura thrombocytopénique Le syndrome hémolytique urémique la thrombose veineuse du foie ou syndrome Budd- Chiari
La contraception hormonale augmente le risque de maladie thromboembolique veineuse (MTEV), elle est selon les recommandations de l'OMS une contre- indication- absolue pour la femme avec un risque de MTEV.
La contraception hormonale estroprogestative augmente de 2 à 6 fois le risque relatif de MTEV par comparaison avec les femmes qui ne prennent pas la pilule combinée.
L'utilisation des pilules combinées au progestatif cyprotérone acétate, très utilisées dans le traitement de l'acné et de l'hirsutisme , peut être associée à un risque 18 fois plus élevé de MTEV lorsque comparée à des femmes n'utilisant pas de contraception hormonale.
Des études ont montré que les femmes avec un déficit hétérozygote en facteur V de Leiden utilisant une pilule estroprogestative ont un risque relatif de MTEV qui est 20 à 30 fois supérieure par rapport aux non utilisatrices. Il est encore plus grand pour les états homozygotes! (Lancet 1994; 344:1453-7)
La contraception estroprogestative modifie les paramètres de l'hémostase[1]
En effet, elle a des effets complexes sur l'hémostase, elle augmente la concentration de plusieurs facteurs de la coagulation et elle a également un effet dépresseur sur le système anticoagulant. Les œstrogènes dépriment le système anticoagulant[2] et la progestérone diminue l'antithrombine III. La stase sanguine reste précaire après l'arrêt de la pilule !
Les complications vasculaires de la pilule sont, essentiellement, dues à leur composante œstrogénique et l’apparition de dose de 30 microgrammes d’éthinylestradiol (un estrogène) n’a pas amélioré comme on l’avait espéré les risques vasculaires. En effet, le risque établi et rapporté dans les années 75-78 se confirme dans la plupart des études récentes. Certes le passage de 50 microgrammes à 30 d’éthinylestradiol a diminué de 25 % la fréquence des thromboses veineuses mais sans modifier celles des thromboses artérielles et la mortalité[3]. Le risque cardiovasculaire subsiste aussi quelque soit le progestatif associé.[4]
Si une longue durée de la prise de la pilule multiplie le risque cardio-vasculaire[5], on observe que même d’une courte durée de sa prise peut résulter une complication vasculaire pour certaines femmes. [6]
Le Dr. Bill Rae, chirurgien cardio-vasculaire, rapporte des cas de thrombophlébites persistantes, récidivantes et les femmes qui ont le plus de difficulté à guérir sont celles qui ont pris la pilule durant des années.[7]
Le planning familial naturel est souvent utilisé et à juste titre par les femmes à risque thromboembolique.
La thrombophilie et la grossesse
La survenue de phlébites et d'embolies pulmonaires peut survenir durant toute grossesse mais ce risque est augmenté par des antécédents avérés de ces affections et par la thrombophilie héréditaire. Une phlébite est un facteur de risque majeur pour une nouvelle phlébite!
Il y a une association significative entre la thrombophilie et la perte récurrente des fœtus.[8]
Avec le facteur V Leiden:
RR 2,01 pour une perte foetale précoce, RR 7,83 pour une perte foetale récurrente, tardive.
Avec la mutation du gène de la prothrombine:
RR 2,56 pour une perte précoce, RR 2,3 pour une perte tardive.
Protéine S : RR 14,72 pour une perte répétée du foetus.(Rey Lancet 2003;361:901-8)
Hémorragie, anémie associée à la pilule
L'apport d'oxygène au fœtus est nécessaire à son développement. Une femme anémiée sera stérile ou hypofertile. La synthèse des globules rouges exige du fer, des vitamines B12, B2, C, E, du cuivre, du cobalt, du zinc, des reins et l'hypophyse en parfait état. Avec la contraception hormonale, le taux des globules rouges peut baisser ainsi que celui de la vitamine B2 et cette diminution peut persister après arrêt de celle-ci et n'est pas toujours corrigée par l'apport de vitamine B2[9]. Pour l’étude Walnut Greek, les femmes qui avaient pris la pilule souffraient davantage de déficience de fer, d’anémie grave, pouvant nécessiter une hospitalisation.[10]
L'anémie peut aussi être due à des hémorragies. La pilule peut contribuer aux hémorragies par altération vasculaire, par des troubles de l'hémostase, par l’induction d'une pathologie hépatique. Ainsi on observe au 1er trimestre de la grossesse chez les femmes qui l’ont prise durant plusieurs années des avortements spontanés fréquents associés aux hémorragies.
Après l’arrêt de la prise de la pilule, la toxicité vasculaire induite est-elle toujours réversible?
1 Au niveau des paramètres de l'hémostase
Quand la femme arrête de prendre la contraception hormonale les paramètres de l'hémostase retourneraient à leur valeur normale après 3 à 4 semaines.
Cependant, la pilule multiplierait par 2 le taux de récurrence de phlébite. (Jama 2006;18-293(19) 2352-61 ) Notons qu'après un épisode de phlébite chez la femme sous pilule contraceptive, celle-ci lui sera formellement contre-indiquée.
Les antécédents personnels de phlébite induits par la pilule, dont le risque relatif est 3,5 ,peuvent avoir un impact négatif sur la grossesse.
Les décès dus à une affection de l'appareil circulatoire sont multipliés par 2, mais un accroissement des décès persiste 5 à 9 ans après l'arrêt de la contraception estroprogestative.(BMJ 2010;390,c927)
Commentaire: Tout ceci, nous montre qu'il n'est pas évident que l'équilibre de la stase sanguine soit rétabli pour des femmes après arrêt de la pilule! De plus, le Dr Bill Rae, chirurgien cardio- vasculaire, rapporte des cas de thrombophlébites persistantes, récidivantes et les femmes qui ont le plus de difficulté à guérir sont celles qui ont pris la pilule durant des années.
2 Au niveau hypertension
Les maladies des vaisseaux sanguins de petit calibre c'est-à-dire des micro angiopathies thrombotiques induites par la pilule au niveau des reins, après arrêt de celle-ci une atteinte rénale organique sera soit irréversible, soit lentement réversible, du moins en partie. Quant aux atteintes fonctionnelles elles sont généralement réversibles à l'arrêt de celle-ci, mais dans certains cas il n'y a pas réversibilité. L'hypertension sera la manifestation clinique de l'altération rénale induite par la pilule. Donc, après arrêt de celle-ci, on a une possibilité d'hypertension permanente. C'est ce que confirme un article du Fortschr. Med.[11]critiquant l'affirmation que l'hypertension induite par la pilule soit toujours réversible.
L’hypertension est en soi un phénomène physiologique naturel, qui se présente chez les personnes âgées, elle est due à l’athérosclérose qui se manifeste aux approches de la soixantaine. Avec la pilule, on se trouve devant une hypertension iatrogène se produisant avant la vieillesse. Ceci signifierait que la pilule accélère le vieillissement de la femme, donc diminue sa fertilité. Ceci devrait nous rappeler la ménopause précoce, le cancer du sein précoce de la jeune femme, que nous avons mentionné en amont. La pilule génèrerait une hypertension iatrogène chez 5% des femmes, elle est contre-indiquée pour la femme hypertendue.
3 Au niveau des parois internes des artères, des veines.
Avec la pilule on observe une augmentation significative des affections artérielles, des artérioles, des capillaires[12]. En effet cette contraception est associée à un épaississement modéré à sévère des artères et des veines, c’est la plaque athéromateuse et, celui-ci est ordinairement à l'origine de thrombose. A partir de la plaque athéromateuse, constituée de graisse, de cholestérol et, d’agrégats plaquettaires, des petits agrégats peuvent se détacher, être entraîner dans la circulation sanguine, boucher les artérioles. Après autopsie, l'artère principale de l'utérus des femmes qui avaient pris la pilule, des progestatifs ou des estrogènes présentait un épaississement modéré à sévère[13]. Cet épaississement de l’artère de l’utérus couplé aux artérioles utérines va entraîner une mauvaise vascularisation de l'utérus et une diminution des échanges de sang oxygéné entre la mère et le fœtus, de la qualité de ces échanges dépendra la vie du fœtus (l'hypo vascularisation de l'endomètre est un obstacle à la procréation)[14]. Il est évident que cet épaississement des veines ou des artères ne va pas disparaître du jour au lendemain après arrêt de la prise de la pilule.
L’obstruction des artères des membres inférieurs par l’artériosclérose est associée à l’utilisation de la pilule pendant dix ans ou plus, mais aussi à la réduction de la durée de la fertilité[15].
En novembre 2007, le Dr Rietzschel, de l’Université de Gand, présente à l’American Association (Orlando, Floride), les conclusions de son étude : les plaques athéromateuses continuent à épaissir la paroi interne des artères durant des décennies après arrêt de la pilule, particulièrement chez les femmes qui ont associé le tabac à celle-ci. Cet épaississement va augmenter le risque de développer un infarctus du myocarde, un accident vasculaire cérébral.
L’augmentation du risque de développer un infarctus du myocarde chez les femmes âgées ayant pris la pilule durant plus de 5 ans ou plus, est multiplié par 2 et persiste 10 ans après l’arrêt de sa prise.[16]
Chez les femmes jeunes, l’augmentation du risque de développer un infarctus du myocarde mortel est associé à la contraception estroprogestative et persiste après l’abandon de celle-ci, particulièrement chez celle qui l’ont prise durant plus de 5 ans et qui fument. [17]
A contrario, un certain nombre d'études ont montré que le risque d'accident coronarien ne semble pas persister après arrêt de la pilule.
Commentaire: Il n’est donc pas certain, pour toutes les femmes qui ont abandonnée la pilule, que les veines, les artères, les artérioles sclérosées, durant la prise de celle-ci, retrouvent rapidement leur vertu initiale, il n'est pas certain, pour ces femmes, que l'hypertension générée par la pilule disparaisse ce qui pourra avoir un retentissement négatif pour une grossesse avec hypertension. (La prééclampsie)
Soulignons que ces affections artérielles, veineuses peuvent s'expliquer par le stress oxydatif, la pilule, le tabac, l'alcool, la dépression augmentent le stress oxydatif, ce denier, une espèce de rouille qui en s'accumulant dans nos organes nous fait vieillir plus rapidement en générant plaques athéromateuses, cancers, sclérose en plaques, Parkinson, maladies chroniques, auto-immunes...
Ce stress génère une sénescence prématurée des cellules, le mécanisme à l'origine de celle-ci est lié au raccourcissement des télomères qui correspondent aux extrémités des chromosomes, assurant la stabilité de l'ADN des chromosomes et des fonctions cellulaires. Ces télomères sont considérés comme un marqueur de l'âge biologique ou physiologique ou encore fonctionnel. Des longueurs plus courtes de ceux-ci sont considérées comme un vieillissement cellulaire.
Une enzyme appelée télomérase rallonge les télomères et selon certains, il est possible que des changements de vie puissent augmenter l'activité de cet enzyme, ce qui allongerait les télomères.
Le monde végétal est riche en antioxydants et certains oligo-éléments tels le zinc, le fer, le sélénium, le magnésium nous aideront à les combattre.
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[1] Am. J. obst gynecol. 1995, 173; 210-3
[2] Sang. Thrombose vaisseaux 1990, 2(5) 253-6
[3] B.M.J. 1986 ; 292 :526
[4] B.M.J. 2001 ; 323 :131-34
[5] Clin. Hematol. 1981.10(2), 613-30
[6] Sand. Med. J. 2008, July 29(7)1024-7
[7] « Amère pilule »Dr. Ellen Grant p. 109
[8] Semin. Thromb. Hemost. 2005, Feb, 31 (1) 97-103
[9] Journal of steroid biochemistry 1981;14;729
[10] Center for Population Research Monogr.Ph N.I.H.; Bethesda 1981
[11] Fortschr. Med 1978; 16; 96 :327-32
[12] J.R Coll. Genc Pract. 1983, 33, 75-82
[13] Obstetrics and Gynecology 1977, 42; 2, 227
[14] Médecine de la procréation Claude Humeau, Françoise Ornal, Ed. Odile Jacob
[15] Eur. J. Epidemiol. 2007, 22(8), 505-11.
[16] New Eng. J. Med 1981; 305, 420-25
[17] Manuel of Clinical problems in obstetrics and gynecology, 5th edition ; p. 326