La grossesse extra-utérine (GEU)

La contraception hormonale, le stérilet et la grossesse extra-utérine

 

  •            La contraception à base de progestérone uniquement

Les implants à la progestérone multiplient de 3 à 5 le risque de GEU. ( risque relatif 3 à 5.) [1]

Le progestatif faiblement dosé, selon une étude de l'OMS, peut induire 4 à 10% de GEU.[2],(3)

L'accroissement du rapport de risque relatif de GEU, pour les femmes prenant des pilules à base de progestérone au moment de la conception, comparé aux femmes enceintes qui ne la prennent pas, a été de 79,1 et le risque absolu de GEU est estimé entre de 4 à 79 GEU pour 1 000 femmes par an. [4]

  •            La contraception d’urgence à base de progestatif

Un communiqué de l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé daté du 11 février 2003, reprenant des données de la pharmacovigilance de Grande-Bretagne, prévient que les autorités sanitaires britanniques ont récemment informé que, sur un total de 200 grossesses non désirées, 12 cas de grossesses extra-utérines ont été notifiés avec la contraception d’urgence Norlevo. (Risque Relatif 6)

Selon la revue Contraception de 2004, avec la pilule du lendemain à base de lévonogestrel, on a un risque relatif de 8, pour les grossesses extra-utérines.[5]

  •            La grossesse extra utérine et la contraception estroprogestative

L'accroissement du rapport de la GEU, chez les femmes dont la contraception a échoué, c'est à dire les femmes  qui prennent la pilule au moment de la conception, comparé aux femmes enceintes qui ne la prennent pas varie de 4,5[6] à 13,9. [7] L'estimation du taux absolu de GEU chez les femmes qui prennent la pilule variait de 0,7 à 19,9 GEU pour 1000 femmes par an.

La méta analyse de Mol[8] a présenté une augmentation du risque relatif de GEU de 1,8 après échec contraceptif de la pilule, par rapport aux femmes enceintes ne l’ayant pas prise.

  •          Le stérilet et la grossesse extra utérine

La probabilité de GEU, chez les femmes ayant porté auparavant un stérilet, est multipliée par 2,4.[9]

Chez les femmes ayant un stérilet en place au temps de la conception, le risque relatif varie entre 1 à 16 et chez les femmes avec stérilet au Lévonorgestrel, le risque relatif varie de 1 à 2. [10]

Le taux de récurrence de grossesse extra-utérine est plus élevé chez les femmes avec stérilet[11].

 

Définition de la grossesse extra utérine
La grossesse extra-utérine, c'est-à-dire le développement de l'œuf fécondé implanté en dehors de la cavité utérine, il peut avoir souvent comme localisation la trompe utérine, rarement l'ovaire, le col du l'utérus.

99% des grossesses extra-utérines sont des grossesses tubaires. La GEU est due alors à des mouvements ralentis de l'oeuf fécondé à travers la trompe utérine, l'oeuf peut être bloqué dans la trompe. On sait qu'un des modes d'action de la contraception hormonale est d'induire ces mouvements ralentis dans la trompe utérine. La trompe utérine se rompt vers le 2° mois de la grossesse provoquant une hémorragie importante.

Effets secondaires

La grossesse extra utérine est une pathologie grave qui peut mettre en danger la vie de la femme car elle peut provoquer une hémorragie interne parfois fatale.

La stérilité peut-être définitive dans 10 à 30 % des cas, 27 % des femmes qui ont eu une grossesse extra-utérine (GEU) auront un enfant après 5 ans d'attente. Un tiers de ces femmes auront de nouveau une GEU[12].

Incidence

1 à 2 % des femmes par an, en France, auront une GEU, soit 14 000 GEU  par an. 28 mois après une grossesse extra-utérine, 10 % des femmes ont de nouveau une GEU et 35 % auront un enfant viable. [13]

Symptômes       
La grossesse extra-utérine peut présenter des formes asymptomatiques ou des douleurs abdominales, pelviennes, des nausées, l’absence de règles, des saignements vaginaux anormaux...

Facteurs de risque de la grossesse extra-utérin

Les antécédents une grossesse extra utérine, une infection génitale haute (RR7)[14] et une infection à Chlamydia semble être la principale cause de GEU chez les jeunes femmes, un traitement par la fécondation médicale assistée (RR2 à 3)[15], une interruption volontaire de grossesse[16],  l’endométriose, le tabagisme (RR1 ,7), une intervention chirurgicale demandant l'ouverture de la cavité abdominale, une chirurgie réparatrice des tubes de Fallope, la stérilisation par ligature des trompes (RR.9)[17], la contraception artificielle, le stérilet, les fausses couches antérieures (RR1,93)...

Traitements
L'abstention thérapeutique: statistiquement 20 % des GEU régressent spontanément, cette abstention thérapeutique est réservée aux patientes sans symptômes.

Le Méthotrexate( MTX), soit un antagoniste de l'acide folique, est administré  pour traité une GEU, bien que hors autorisation de mise sur le marché et les données disponibles sur l'évolution des grossesses conçues après traitement par MTX dans le cadre du traitement de la GEU sont peu nombreuses. Après traitement de la GEU, étant donné que le MTX est tératogène et qu'il est stocké dans l'organisme un certain temps. est nécessaire avant d'envisager une grossesse mais les recommandations sur la durée à respecter avant d'envisager celle-ci sont discordantes, la durée selon les sources varie de 1 à 6 mois! Sur 45 grossesses débutées 2 à 13 semaines après administration de MTX, on obtient:39 naissances, 3 fausses couches, 2 interruptions volontaires de grossesse, 1 interruption médicale de grossesse.Sur 40 nouveau-nés, 3 présentaient une malformation congénitale majeure (malformation cardiaque...) soit un taux de 7,5%.  Ce taux de malformations majeures observé est bien supérieur à celui observé dans la population française  qui est de 1,6%!Ref: 2016 Société française de pharmacologie et de thérapeutique. Publié par  Elsevier Masson

Commentaire: 1° Cette étude souligne, on ne peut mieux, combien est nécessaire un taux d'acide folique suffisant  pour éviter des malformations congénitales, des fausses couches, des aberrations chromosomiques. Le MTX,comme antagoniste de l'acide folique, s'aligne sur la contraception hormonale qui fait chuter la concentration en acide folique . 2° Le MTX  n'a pas  une 'indication reconnue pour traiter une GEU!

Le traitement médical par le Méthotrexate: 60 % des femmes auront une grossesse intra-utérine et 18 % de nouveau une GEU. [18]

Avec la chirurgie, 62 % des femmes auront une grossesse intra-utérine, après un suivi de 3 ans, le taux de récurrence de GEU est de 18 %.[19]

Avec le traitement par la fécondation médicale assistée, 28 mois après une grossesse extra-utérine, 18 % des femmes auront un enfant.

                 Témoignages

« Je portais un stérilet aux hormones donc je n'avais pas mes règles pendant 3 ans je l'ai enlevé en juin 2008 pour pouvoir faire mon 2eme bébé et malheureusement j’ai aussi fait 2 geu à 2 mois d intervalle je suis très désespérée car j ai vraiment envie d'avoir un bébé … » Santé-az.feminin.com 6.06.2009
 
« J'ai pris le contraceptif Microval depuis la naissance de ma fille (…) J'ai allaité mon bébé pendant cinq mois, et sur les conseils de ma gynéco, j'ai continué à prendre cette pilule en attendant mon retour de couche afin qu'elle puisse me poser un stérilet. Seulement voilà, j'ai commencé à saigner : naturellement, j'ai pris ces saignements pour les règles que j'attendais ! Ma gynéco (….) m'a dit de faire un test de grossesse : positif. 2 jours plus tard, je vais passer une échographie et là, surprise, le médecin voit un utérus vide (…) il y a une grossesse quelque part hors utérus. Bref, il s'agissait d'une grossesse extra-utérine(…), J'ai appris par ma gynécologue que la protection imparfaite d'une pilule micro dosée de type Microval présente un risque de développer non seulement une grossesse mais aussi une grossesse extra-utérine, ce qui n'a rien d'anodin. P.S. : à quand une pilule masculine ? » Forum famili.fr 12.07.2004 à 11.24
 
« Suite à un échec de contraception, j'ai pris une contraception d'urgence et une semaine après je ressens des douleurs au bas ventre qui s'accompagne de saignements et de pertes marrons foncés et de migraines. J'ai pris rendez vous avec le médecin qui pense à un échec de contraception et à une grossesse extra-utérine mais ça m'inquiète j'ai vu sur des sites que c'est dangereux. » Forum Atoute.org 24.04.2004 à 20.46
 
"Suite à la pose d'un stérilet, au bout de 18 mois, je suis foudroyée de douleur comme un coup de poignard dans le bas ventre: opérée en urgence d'une grossesse extra utérine mais on m'a affirmé que cela n'avait pas de lien!"Témoignage reçu.


[1] Contraception 1994. 50 suppl (1) 21-53

[2] Contraception 1982;25 (3) 243-252

[3] Prescrire, Janvier 2005 N° 257;p 40

[4] contraception.1997; 16: 575-80

[5] Contraception 2004; juin 69, 1, 84-85

[6] Spira Am. J. epidemiol. 1991; 133: 839-849

[7]  Eur J. Obstét. Gynecol. Reprod. Biol 1986; 23: 21-33

[8] Contraception, 1995 ; 52 :337-341

[9] (lancet 13 août 2005,336)

[10] Lancet 13 août 2005, 336

[11] J. Gynecol. Obst. Biol. Reprod. 2003 (70) 32(5) 43

[12] J. Gyneco. Obste. Biol. Reprod. 1991; 20; 27-32

[13] Lancet 2005- 13 août 336

[14] B.M.G 1981; 282, 15-8

[15] Fertility-sterility 1999; 71, 282-6

[16] Act. Obst gyneco S canad 2002, decembre 81 (12); 1139-43

[17] Contraception 1995; 52, 23-34

[18] B.M.J. 2000. 1 avril P. 918

[19] Lancet 2005, 366:588-9